" Se diversifier pour répondre aux at tentes d'une clientèle multiple "
Jean-Pierre et Dominique Roulleau s'appuient sur une production historique de fruitiers locaux et se di versifient pour offrir à leur clientèle, située dans des régions différentes,des plantes capables de satisfaire leurs attentes tant au niveau esthétique que d'adaptation au climat et aux contraintes phytosanitaires.
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Àla fin de l'hiver, les frères Roulleau s'activent dans leur pépinière de Saint-Denis-en-Val (45). Non loin du fleuve, en sortie d'Orléans (45), Jean-Pierre et Dominique prévoient les espèces qu'ils vont replanter pour répondre aux futures demandes en arbres et arbustes d'ornement. Disposer des calibres nécessaires aux paysagistes est indispensable à l'heure où les particuliers fréquentent de plus en plus les fêtes des plantes. Le regain d'intérêt est notable surtout en Liquidambar, érables ou cornouillers. Face aux stocks engrangés depuis 5 ans en ornement, ils avaient quelque peu ralenti la cadence et s'étaient concentrés sur leur spécialité de fruitiers.
En effet, c'est en 1985 que l'aventure fruitière démarre vraiment avec leur père, Paul. À l'époque, le verger conservatoire de Château-Renard (45), en création, cherche un producteur pour greffer et conserver les souches des anciennes variétés régionales de pommes et de poires. Jean-Pierre, son fils aîné, installé comme pépiniériste depuis 5 ans non loin de là, va participer à l'opération. Alors spécialiste en conifères, il a besoin de s'agrandir pour vendre aux particuliers et aux jardineries tandis que son père, qui fournissait les arboriculteurs, s'est déjà diversifié en arbustes d'ornement. Le regroupement familial s'impose en 1989 lorsque Dominique, le cadet, les rejoint. Tous les trois continuent ainsi en Gaec jusqu'à la reprise de l'exploitation en 1993 par les deux frères. Ils se partagent les tâches. La production en pleine terre et les équipements pour Jean-Pierre, déjà expérimenté, et le hors-sol, l'administratif et la vente pour Dominique.
> Des techniques de production alternatives, le conventionnel en cas de nécessité. L'entreprise vend beaucoup de conifères destinés aux haies, les Thuyas atrovirens et les cyprès de Leyland ne sont pas encore malades et toujours en vogue. Pour présenter une gamme complète d'arbres et d'arbustes aux paysagistes et aux pépiniéristes, ils démarchent avec Javoy. Leurs productions sont également bien présentes en jardineries. Au tournant du millénaire, les ventes de conifères s'effondrent. Ilsdécident alors d'arrêter progressivement la plupart de ces végétaux et d'abandonner la commercialisation en jardineries.
En 2008, le changement est amorcé. Les frères Roulleau étoffent leur gamme d'arbustes d'ornement et testent de nouvelles pratiques de culture. Des solutions alternatives sans pour autant abandonner le conventionnel en cas de nécessité.Ils stoppent les désherbants. « Dans les conteneurs, il y a moins d'attaques de pucerons, les plantes ont une meilleure végétation et les lots sont plus réguliers », se félicite Jean-Pierre, qui constate par ailleurs très peu d'attaques de parasites en général, y compris en pleine terre où l'herbe est laissée haute en inter-rang. Les pucerons restent localisés et la dernière pulvérisation d'insecticide remonte à 5 ans. Depuis, les coccinelles sont au rendez-vous à chaque fin d'hiver, au moment de la taille.
Dans les serres, au printemps, en mars et début avril, ils pulvérisent du savon noir dilué en deux passages, toujours suivis le lendemain par un arrosage. « C'est très efficace contre un peu tout ! », s'exclame le frère aîné au milieu des pots de Pieris, Photinia, cotoneasters, spirées et groseilliers à fruits rempotés et mis à l'abri au mois de janvier. En revanche, ils ne s'interdisent pas d'intervenir en conventionnel en cas de forte infestation d'araignées rougespar exemple. Des choix dictés par l'expérience, tirée de leurs nombreux tests et observations menés depuis 10 ans. Ainsi, les conteneurs sont paillés en chanvre la première année. Cette matière naturelle se colmate beaucoup plus que le lin et ne se renverse pas avec le pot. Les merles n'en sont pas friands, contrairement à la fibre de coco. Enfin, les racines des plantes ne s'y emmêlent pas comme dans le miscanthus.
> Un catalogue de 300 taxons grâce au travail sur les variétés anciennes. Au même moment, toujours à l'écoute du marché, surtout régional, les frères Roulleau développent les variétés anciennes de fruitiers à la demande de pépiniéristes et de paysagistes du gâtinais et de l'Yonne. De fil en aiguille, les pommes, les poires, les cerises ou les prunes s'ajoutent au catalogue. Avec aujourd'hui 300 taxons, les pépinières Roulleau sont partenaires de l'Union pour les ressources génétiquesdu Centre (URGC) depuis quatre ans ainsi que de la société pomologique du Berry, éditrice d'un guide de 23 variétés locales.
La production de pleine terre d'arbres fruitiers, greffés en écusson, est conduite sans intrants de synthèse en dehors d'un anti-germinatif appliqué la première année sur chaque rang, parfois nécessaire en deuxième année pour l'ébourgeonnage. Les plantes sont nourries avec des apports d'engrais organique.L'URGC a fourni les greffons pour la multiplication sur porte-greffe de Malus bittenfelder (pommier franc), en demi-tige ou tige.
> Des arbres à petit développement pour mieux coller aux attentes. Dans le Berry, les pommes les plus demandées sont 'Belle fille de l'Indre', 'Court Pendu', 'Sainte Germaine' tandis que dans l'Yonne 'Joli Bois', 'Flandres' ou 'Châtaignier' tiennent la vedette. En étant greffées sur franc, ces variétés se plaisent dans tous les sols même si la forte végétation des arbres ne convient pas aux petits jardins.
C'est pourquoi d'ailleurs les pépinières Roulleau élargissent leur gamme à petit développement pour les particuliers, des plantes persistantes et florifères pour les haies fleuries et bocagères,des végétaux très décoratifs tels que Liquidambar, Acer ou encore des Hydrangea paniculata.
Pour les communes et les paysagistes, elles doivent surtout résister à la pollution et au froid mais également étouffer l'herbe et s'adapter aux bandes plantées sur les trottoirs.
Jean-Pierre et Dominique sont donc en perpétuelle recherche. Ils apportent les conseils indispensables à la réussite des plantations en fonction des sols et du climat, très différents dans le Centre, la Bourgogne ou l'Île-de-France. Les pépinières Roulleau participent chaque année à une douzaine de foires auxplantes dans ces régions et la nouvelle saison est d'ores et déjà lancée. n
Isabelle Cordier
Spirées et groseilliers à fruits en conteneurs paillés de chanvre dans les 5 000 m² de serres en verre de l'exploitation.
La production hors-sol s'étend sur 2 hectares équipés d'un arrosage par aspersion.
Les mûriers blancs font partie des 750 taxons disponibles au catalogue des pépinières. Ils servent également de porte-greffes.
Pommier 'Belle Fille de l'Indre', variété la plus demandée dans le Berry pour ses fruits de taille moyenne à consommer en jus ou à croquer.
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